lundi 24 mars 2014

Le "point du mari"

Lorsqu'on est désœuvrée, on a tendance à passer beaucoup de temps sur les réseaux sociaux, histoire de ne pas rompre le contact avec le monde de la santé et ses consœurs et confrères. C'est pourquoi j'ai été une des premières au courant de cette histoire de Point du Mari.

Née d'une anecdote racontée par une collègue et qui a choqué bon nombre d'entre nous, cette histoire a quitté le sphère "intime" de la page privée pour se répandre sur le net lorsque Agnès Ledig, sage-femme et auteur, a utilisé sa plume pour mettre des mots sur cet acte. (Vous pouvez trouver le texte ici) L'indignation, l'horreur, la méfiance se sont répandus à vitesse grand V sur la toile et parmi les groupes de femmes, de parents, de professionnel de la santé. (#PointDuMari sur Twitter)

Parmi ces derniers, nombreux sont ceux qui ignoraient cette pratique (heureux soient-ils !) et nombreux également à ne pas comprendre comment cela pouvait exister et pourquoi d'autres laissaient faire sans rien dire. Je vais essayer de répondre à ces deux questions.

Je vais commencer par vous narrer comment on m'a appris la suture dans mon école de sages-femmes, en vous précisant que ce sont des cours assurés par une sage-femme et qu'elle nous apprend donc ce qu'elle a elle-même appris. Il est donc évident que d'une sage-femme à l'autre, d'une école à l'autre, le contenu de ce cours est très varié. 
Dans mon cas, le cous a été très technique : "on suture tel plan avec tel plan, on s'assure de la conformité anatomique". Au cours de son exposé, la sage-femme a ajouté "et si besoin, on peut parfois rajouter un point en plus pour atténuer la béance vaginale consécutive à l'accouchement". Rien de bien précis, nous sommes ensuite passés sur nos blocs de mousse pour nous entrainer à tenir nos pinces et faire nos nœuds. 

Autant dire que lorsque j'ai assisté à ma première reprise de suture, je découvrais un monde complètement nouveau. 
 
J'ai finalement appris à suturer avec différents maitres : 
- le plus souvent, on m'apprenait à "serrer suffisamment pour que ça tienne mais pas trop pour que cela ne lui fasse pas mal". Dans ces cas-là, personne pour nous préciser si l'on parlait de douleurs post-partum ou plus tardives, liées à l'accouchement ou à la sexualité et dans ma grande candeur de cette époque, je ne m'étais pas particulièrement posée la question.
- d'autres préconisaient de "bien serrer pour pas que ça lâche". Alors, je serrais. Et comme mon stage ne me permettait pas toujours de revoir mes patientes, j'ignorais alors quel avait été leur vécu par la suite. 
- enfin, certains rajoutaient ce fameux point évoqué en cours, avec parfois, pas toujours, une remarque plus ou moins anodine : "Monsieur appréciera". Dans ma grande candeur (bis), là non plus je ne posais pas de question. 

Aujourd'hui, on pourrait s'étonner de mon manque de réaction. 
Il venait en premier de ma grande ignorance personnelle des relations sexuelles. Je n'avais aucune expérience pratique de ce genre de choses. Je ne connaissais donc pas ces douleurs qui peuvent arriver au cours d'un rapport, quelle était la part du masculin et du féminin, la part du psychique et du physique. Candide et innocente j'étais. 
Le programme scolaire ne m'aidait pas non plus. En effet, la sexologie n'était abordée qu'au cours de la dernière année d'étude. Je suturais donc depuis plus de trois ans déjà des périnées lorsqu'on m'a parlé pour la première fois de ces conséquences. 
Ensuite, il faut comprendre qu'au cours de nos stages, je voyais beaucoup de périnées... mais des périnées fraichement "accouché". Je n'avais comme vision de la normalité que ces vulves béantes d'avoir laissé passer un enfant. Ce n'est là aussi qu'en dernière année que j'ai pu découvrir d'autres périnées, lors de mon stage (optionnel) chez une sage-femme libérale qui pratiquait la rééducation du périnée. 
Tout ceci cumulé faisait que, finalement, ce point de resserrage pour rendre un peu d'étroitesse à un vagin ne me choquait pas plus que ça et me paraissait presque logique.

Il faut également ajouter un autre facteur : l'ambiance dans les maternité était à l'obéissance. Évidemment en tant qu'étudiante mais même plus tard, lorsqu'un médecin (ou quelqu'un ayant plus d’expérience que moi) me disait de faire un point en plus, j'obéissais, me disant que si cela m'était demandé, c'est que c'était nécessaire. 
Les femmes étaient également dans cette optique, accouchant sur le dos bien gentiment, acquiesçant à tout ce qu'un professionnel de santé, un "sachant" leur disait. 

Tout ceci pour expliquer pourquoi "nous laissions faire"

Depuis, les choses ont changé. J'ai pour ma part évolué, pris du recul sur ma pratique et ses conséquences, perdu mon innocence et ai compris ce qui était le plus important : la femme, et qu'elle était la mieux placée pour me dire ce qui lui convenait, à elle. 
Les femmes également ont changé, demandant à être partie prenante de leur accouchement.
La physiologie et le respect ont réinvesti les salles d'accouchement. 

Voilà pourquoi aujourd'hui une telle affaire peut éclater, parce que la parole des soignants et des femmes s'est libérée. 

Pour autant, il reste notre première question : pourquoi certains se sont autorisés à pratiquer ce fameux point ? 
Est-ce par ignorance comme c'était mon cas ? Peut-être. Mais lorsque l'on se permet de rajouter ce fameux "monsieur appréciera" c'est qu'il y a une autre volonté. 
Un "madame appréciera" aurait pu traduire une vraie maladresse, la pensée que ce point allait aider les femmes dans leur sexualité future. Oui, même si ce n'était pas le cas, mais au moins, l'intention aurait pu être bonne.

Or, non, c'est Monsieur qui est censé apprécier la nouvelle anatomie de sa compagne. Et le dire ainsi, c'est bien sous-entendre que la sexualité de l'homme est supérieure à celle de la femme. Et que le corps de la femme n'est là que pour son bon plaisir, son bon vouloir. Quitte à le mutiler comme c'est le cas lorsqu'on pratique ce "point du mari".
Je ne suis pas sociologue, je ne m'aventurerais pas à faire une analyse poussée de ce qui est manifestement de la misogynie. Je vais plutôt me pencher sur la vision de la médecine.

Lorsqu'on évoque le cas du "point du mari", c'est explicitement la sexualité de la femme qui est niée. Mais si l'on se penche sur les actes médicaux effectués sur les femmes en général, c'est carrément leur identité qui est bafouée.

Certains professionnels de santé parlent aux femmes comme si elles étaient des enfants "Quoi ? Un stérilet ? Vous n'y pensez pas !"
Certains professionnels de santé se permettent des actes qu'ils n'aimeraient pas qu'on leur fasse "je vous fais le toucher vaginal pendant que mon interne vous prend la tension, on perd moins de temps" (le sous-entendu étant limpide, on perd son temps à examiner une femme ou à lui prendre la tension donc autant tout faire en même temps, sans le moindre respect pour ce que ce mépris inspire à la patiente, devenue un véritable objet - sans parler de l'objectivité d'une tension prise dans de telles conditions).
Certains professionnels de santé ignorent tout bonnement l'affect de leurs patientes "mais non, je vous fais pas mal en vous examinant, et pis bon, après tout, faut bien que je vois comment est placé ce bébé, serrez les dents voyons !".
Certains professionnels de santé oublient la base de la médecine à savoir le libre consentement des patients "quoi ? vous ne vouliez pas d'épisiotomie ? Ah, mais je vous en ai fait une de toute façon"
Certains professionnels de santé vous demandent de vous mettre complètement nue pour un simple prélèvement vaginal. 
Certains professionnels ne suivent pas les recommandations de la Haute Autorité de Santé (référence donc) parce que eux, pensent différemment. Et les femmes se retrouvent donc avec des frottis tous les ans à partir de 15 ans. Ou d'autres se voient retirer leurs seins à 85 ans, subir une chimiothérapie et ses horreurs parce qu'un professionnel de santé aura outrepassé les recommandations et décidé de pratiquer une mammographie malgré tout. 

Ceci n'étant que des exemples parmi d'autres. 

Comment, pourquoi des professionnels de santé, qu'ils soient homme ou femme, osent-ils se permettre ce genre de comportement ? 
Parce que c'est ce qu'on nous enseigne pendant nos études : nous sommes l'élite, nous soignons des gens, nous sauvons des vies, donc nous pouvons nous permettre de juger ce qui est bon ou ne l'est pas. Quitte à être maltraitant. Quitte à être misogyne.
Parce que c'est ce que nous "demande" la société (ou du moins ce qu'elle nous demandait jusque il y a peu de temps). Le médecin était considéré comme un notable, à l'égal du curé ou du maire. Aujourd'hui, la pénurie dans certaines régions fait qu'il n'y a plus de réel choix du praticien ou alors que le délai pour un rendez-vous est tellement long qu'on est prêt à se plier à tout pour pouvoir être pris en charge, fusse à notre propre détriment.
Cela touche plus les femmes que les hommes car trop longtemps, elles, nous avons été infantilisées et diminuées.

Il est aujourd'hui temps d'ouvrir les yeux et de ne plus l'accepter. En cela, le "point du mari" sera-t-il finalement salutaire.

20 commentaires:

  1. Merci.
    Merci d'avoir un regard critique et juste sur vos pratiques passees, merci d'avoir change et merci de dire aussi clairement que les patientes ont droit au respect face a des gens qui ne sont pas parfaits et n'ont pas droit de le pretendre.

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  2. Bonjour Agathe Tournesoleil,

    Permettez-vous à un homme de donner son point de vue ? Je suis le père de quatre enfants (dont deux jumeaux), de deux mères différentes. J'ai donc assisté à quatre accouchements, j'ai participé activement à chacun d'eux, en revanche je suis incapable de vous dire si j'étais présent lors de la suture du périnée (il y a eu épisiotomie à chaque fois, pour des raisons que je crois justifiées et non pas pour le simple confort du praticien), mais ça me semble très improbable - de même, je n'ai aucun souvenir de la délivrance, ou plutôt des trois délivrances...

    Quoi qu'il en soit, j'aurais été très choqué et très meurtri si on avait pratiqué sur mes compagnes d'alors ce fameux « point du mari ». Et scandalisé bien sûr, mais surtout choqué et extrêmement meurtri. Passons sur le scandale : je n'ai rien à ajouter à vos propos sur l'atteinte au corps des femmes, je les partage entièrement, et venons-en à la meurtrissure.

    La sexualité n'est pas une chose facile (en général) et elle devient souvent très difficile après un accouchement. Pour toutes sortes de raisons, le rapport à l'intimité, le rapport au corps de l'autre, l'image du corps de l'autre, le fonctionnement du couple, tout cela est très profondément atteint et bouleversé, modifié, très largement à reconstruire, lors de la naissance d'un enfant - et l'est, en tout cas pour le père, a fortiori d'autant plus qu'il assiste à l'accouchement. je n'insiste pas, tout cela est très largement documenté aussi bien par des témoignages (nombreux) que par des études diverses dans toutes sortes de champs disciplinaires (sexologie, psychanalyse, etc.).

    Mon souci, après l'accouchement, était que le corps de ma compagne ne soit pas trop modifié, que je le retrouve telle que je l'avais connu, que l'irruption de l'enfant (et l'irruption de la violence médicale !) n'intervienne *pas trop* dans le rapport de nos deux corps, dans ce rapport supposé nous conduire tous deux au plaisir. Si son sexe, son vagin, avait été étroitisé (si j'ose dire), je n'en aurais eu aucun plaisir mais bien au contraire : dans un premier temps de l'effroi (« on » me l'a changée !), et si j'avais appris que c'était en mon nom et pour moi seul, mais sans jamais me demander mon avis, que cette modification avait été pratiquée, oui : j'aurais été plus que meurtri. Il est même probable que ma vie sexuelle aurait été profondément amoindrie, peut-être totalement éradiquée.

    Je suis certain de ne pas être le seul, bien au contraire, à réagir de cette façon, et pas le seul à avoir espéré que « son » corps redeviendrait comme avant, comme si rien ne s'était passé (indépendamment de la joie d'avoir un enfant bien sûr, ni de l'émotion extraordinaire lors de l'accouchement, je ne parle pas de ça ici...).

    Ce qui fait que je crois bien que cette pratique barbare ne se met pas d'abord au service de la sexualité du père au détriment de celle de la mère : je crois qu'elle est très profondément anti-sexuelle, qu'elle manifeste une haine profonde de la sexualité et du plaisir. De la sexualité des deux et du plaisir des deux. À moins que l'on ne conçoive le plaisir de l'homme que comme un plaisir de violeur, libre de forcer un passage devenu trop étroit, le passage dans un corps désormais souillé par les sanies de l'accouchement (mais sanctifié par la maternité, bien sûr) ? Peut-être que c'est ça aussi qui est en jeu, ça me semble même très probable, mais le viol est aussi, à mon sens, une forme de haine de la sexualité et du plaisir.

    Pardonnez-moi d'avoir été trop long...

    Arthur

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    1. Bonjour et un grand merci pour votre commentaire qui est très pertinent.

      Il y a en effet toute une réflexion sur la sexualité, sur la vision de la sexualité qu'ont les professionnels de santé travaillant dans la sphère génitale de la femme et je pense que c'est pour ça que cette "affaire du point du mari" fait autant de bruit. Les maltraitances existent depuis longtemps sur les femmes, à travers les petits gestes "banals mais pas tant que ça" comme ceux que je cite en fin d'article.

      Est-ce que le point du mari est anti-sexuel ? Je n'ai pas LA réponse mais le fait que ce soit toujours le bénéfice de "monsieur" qui soit mis en avant me fait douter mais pourquoi pas ? Peut-être certains ont-ils en effet une vision tellement étriquée de la sexualité qu'ils cherchent à la limiter chez les deux partenaires à la fois. Il est évident qu'il est beaucoup plus "facile" d'agir en ce sens sur le périnée d'une femme qui vient d'accoucher que sur la verge d'un homme. Il est vrai que je (et les autres sages-femmes avec qui j'en ai discuté) n'avais jamais envisagé ce point de vue et en cela, votre commentaire est très intéressant. Je vous remercie donc d'ouvrir une autre voie de réflexion.

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    2. (suite)

      Quant à votre remarque sur le viol, le comportement de certains hommes actuellement va malheureusement dans ce sens. Quand on voit le comportement de certains hommes dans la rue, le métro, on peut se poser des questions.
      Heureusement dans la plupart des couples, le respect des deux partenaires est le maitre mot, mais ce n'est pas toujours le cas. J'ai eu le cas malheureusement d'un jeune accouchée que nous avions retrouvée le lendemain en "mauvais état" si vous me permettez de simplifier ça, parce que son mari était passé la veille dans sa chambre et avait exigé d'elle le fameux "devoir conjugal". C'est rarissime heureusement, comme l'est ce point du mari, mais les personnes qui sont capables de volontairement créer des douleurs pour une femme, un couple, en faisant ce point, peut-on penser qu'ils ont une vision "normale" de la sexualité ? Certains soignants, voire même certains membres de la famille (mère, grand-mère) disent régulièrement aux femmes qui n'ont pas envie de reprendre rapidement les rapports après un accouchement : "bah, force-toi, fais-le pour lui et ça finira bien par revenir". N'est-ce pas une manière sous-entendue d'appeler au viol ? "Force-toi", ça veut tout dire : force-toi dans ton corps (ou "fais-toi forcer"...) et force-toi dans ta tête. Je ne dis pas que les compagnons de ces femmes sont des violeurs, mais je dis que c'est ainsi finalement que d'autres les voient, comme des hommes prêts à passer outre la volonté de leur femme pour assouvir un besoin. Finalement, on en revient un peu à votre argument : le mari n'a finalement que peu de place dans ce schéma, il n'en a que par ce que les autres imaginent de lui.

      Enfin, je vais terminer sur un autre point que vous évoquez et qui me parait important : vous dites que vous auriez aimé retrouver votre compagne comme avant, que votre sexualité ne change pas suite à la naissance de votre enfant. Or ceci est inéluctable. Le corps d'une femme se modifie suite à une naissance, son esprit aussi. De femme, elle devient femme ET mère. Sa sexualité en sera donc changée (pas forcément dans le mauvais sens d'ailleurs). Et je pense que c'est également la même chose pour les hommes. Voir sa compagne mettre au monde un enfant peut modifier les choses. Devoir s'adapter à une nouvelle vie avec un enfant va changer la sexualité (disponibilité, fatigue, discrétion). Cela ne signifie pas pour autant la mort de la sexualité, juste qu'on entre dans une nouvelle phase et qui peut être tout autant épanouissante que celle d'avant. Tout dépend de ce qu'on attend et de la pression qu'on se met - ou non - pour l'obtenir. Et ce sera ainsi toute la vie : la sexualité à la ménopause sera différente, de même, si des troubles érectiles apparaissent, il faudra trouver d'autres formes de sexualité. Rien n'est figé dans le temps et tout est possible tant que cela satisfait les deux partenaires.
      Peut-être y a-t-il là aussi une "raison" à ce point du mari. Les personnes le pratiquant, l'imposant, ont-elles une vision de la sexualité tellement étriquée au point d'imaginer qu'une sexualité ne peut être épanouie et épanouissante que si elle reste telle que lors de nos premiers émois ?

      Je vous remercie vraiment pour votre commentaire qui ouvre de nouvelles pistes pour essayer de comprendre ce phénomène et tout faire pour l'arrêter.

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  3. Agathe,

    Merci de votre réponse, qui en appellerait une toute aussi longue - et j'ai pas l'intention de squatter votre blog, ce lieu qui vous appartient.

    Juste un mot pour vous dire que bien sûr mon espoir que... (oh, je vais me faire taper dessus ! -rires) « ils *me* la rendent comme elle était avant » était parfaitement illusoire. Bien sûr que la maternité change beaucoup de choses, l'accouchement aussi. Ce n'était qu'une illusion, mais disons alors que j'espérais qu'on l'aiderait (et dans les deux les deux cas, je veux dire avec les deux mères ça c'est produit ainsi) qu'elle retrouve son corps, tel qu'il le lui fallait pour qu'elle s'y sente bien et heureuse, et qu'on soit heureux tous les deux lorsque nos corps se mêlaient.

    Je parle du corps, et aussi de l'image du corps qui est entièrement à reconstruire pour l'amant qui assiste à la naissance de son enfant, parce que si un accouchement est un moment merveilleux, miraculeux, d'une émotion intense et inouïe, c'est aussi un moment très troublant accompagné de souffrance, de cris, de danger, de sang, de béance, de mucus, parfois d'urine et toujours d'excréments, et bien entendu d'un bébé qui sort du sexe tant aimé de l'amante tant aimée : ce n'est pas à vous que je vais apprendre ça.

    L'idée qu'on ait pu vouloir modifier ce corps, ce sexe, pour que soit-disant je m'y sente mieux (sic), vraiment cette idée m'est odieuse. Et oui, je vous le répète : je me sens meurtri, humilié à la simple idée que ça puisse exister. Même si, de toute évidence, on a échappé à ce cauchemar.

    (Et puis vouloir que le vagin d'une femme soit plus étroit pour supposément augmenter la jouissance de l'homme : ils ont étudié la physiologie féminine, ces gens ? Ou bien ils croient qu'avoir une plus grosse bite (proportionnellement) fait plus jouir, un truc dans ce genre ? Pardonnez ma vulgarité, mais je suis furax.)

    PS. Pour la scène de viol que vous racontez je ne sais que vous dire, sauf mon effroi.

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    1. (pour répondre brièvement parce que sinon, on va transformer ce blog en "dialogue" ;-) , on pourrait en effet se poser des questions sur ce que ces personnes connaissent de l'anatomie et de la physiologie féminine et masculine mais ça rejoint ce que nous disions, c'est carrément leur vision de la sexualité qui laisse à désirer... et je pèse mes mots.

      En tout cas, je vous remercie vivement pour votre participation qui, 1 ouvre à une réflexion très intéressante et 2, nous conforte dans l'idée qu'il y a des hommes "magnifiques" parmi nous)

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  4. Bonjour,
    Je voudrais savoir si les déchirures du périnée sont fréquentes ? Je croyais justement que l'épisiotomie avait pour but de les empêcher et qu'en cas d'épisio on ne découpait pas le périnée mais sur le coté; et dans ce cas je ne vois pas ce que signifie le point du mari. Sinon, il y a un moment dans votre texte ou vous parler de "serrer bien", et ce que dans ce cas vous vouliez dire, faites plus de points ou serrer ceux que vous faites ? et dans ce cas, quelles sont les conséquences sur la cicatrisation? Merci d'avance!

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  5. Bonjour,

    Alors il faut savoir que les dernières études prouvent que la pratique de l'épisiotomie n'a aucun avantage en terme de cicatrisation ou de degré de la douleur par rapport à une déchirure. Elle ne prévient pas plus des déchirures graves (une déchirure ou une épisio "normale" ne concerne que le vagin, le muscle et la peau. Une déchirure plus grave touchera le sphincter de l'anus), ce qu'on avançait avant comme argument.
    De fait, actuellement, les recommandations sont donc à ne pratiquer d'épisiotomie que si anomalie du rythme fœtal nécessitant une naissance rapide et au contraire, de laisser déchirer (le principe étant que lorsque cela déchire, cela ne déchire que sur la longueur nécessaire pour la naissance alors que lorsqu'on pratique une épisio, on coupe plus que nécessaire. De plus, la cicatrisation est meilleure lorsqu'elle se fait en suivant les fibres naturelles et non à contre courant comme c'est le cas lors d'une épisiotomie).
    Donc, si on tient à ça, il ne devrait y avoir que très peu d'épisiotomies (mais plus de déchirures plus ou moins grandes). Après, généralement, les médecins pratiquent systématiquement une épisiotomie en cas de pose de forceps ou de naissance du siège. Il y a donc un certain nombre d'épisiotomies pratiquées encore fréquemment sur ces indications-là.

    Ensuite, le point du mari se situant au niveau du vagin, que cela soit pratiqué sur la suture d'une épisio ou d'une déchirure ne change rien puisque dans les deux cas, on termine en suturant le "point de la fourchette", celui qui relie le vagin à la peau (le point de contact si vous voulez). Le point du mari est un (ou plusieurs) point que l'on fait "en plus " des points nécessaires, au-delà de cette fourchette qui devrait rester la limite normale.
    Quant à mon expression "serrer plus", oui il s'agit de plus tirer sur les fils pour faire des nœuds plus serrés ou alors de faire des points plus rapprochés (et donc plus nombreux en effet). Les conséquences sur la cicatrisation peuvent être l'apparition de kystes (bénins) au niveau des points (généralement, ça concerne plus les points du plan musculaire) ou de cicatrice plus fibreuse et donc moins souple. La conséquence principale touche principalement à la douleur, une douleur plus importante en suites de couches (à plus ou moins long terme) et lors des rapports sexuels. C'est pourquoi il est important que les femmes sachent qu'il n'est pas normal d'avoir mal (en-dehors des 2-3 premiers jours et encore, cela devrait être une douleur cédant avec du paracétamol) sur une cicatrice périnéale et lorsque c'est le cas, elles devraient consulter (une sage-femme ou un médecin obstétricien).
    La rééducation périnéale faite en suite de couche auprès des sages-femmes permet ensuite de bien travailler cette zone et peut également lever des douleurs persistantes.

    J'espère que cette réponse vous satisfera,
    Bonne soirée, Agathe

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  6. Un article très intéressant. C'est en faisant de plus en plus circuler l'information que les patient(e)s (oui, comme l'a montré l'échange ci-dessus, les hommes ont tout à fait le droit de donner leur avis aussi et de défendre leurs compagnes) pourront oser s'opposer au "sachant" (quand celui-ci ne se soucie pas déjà de l'avis du/de la soigné(e) ) et imposer leurs volontés pour leurs corps.

    J'en profite pour te dire aussi bravo pour le blog en entier !

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  7. Je compatis avec tout ce qui précède mais ai néanmoins une petite réserve: le "point du mari" n'apporterait pas vraiment beaucoup plus de jouissance à "monsieur" puisque cela n'agit que sur une partie "ponctuelle" du vagin et pas sur sa longueur.
    Peut-il être possible que des praticiens qui ont prononcés le serment d'Hypocrate se comporte ainsi...!

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    1. Bonjour,

      Non, en effet, pour autant, les personnes qui pratiquent ce point poussent-elles leur réflexion aussi loin ? Envisager la sexualité avec une vision aussi restreinte...

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  8. Merci pour ces articles. Ca me permet de refaire le point sur mon premier accouchement qui aurait pu se passer mieux. Mais comment l'aurais je su. Moi novice en cette matière. Forceps episo (je n'étais même pas au courant de ce que c'était). Puis sont venu les points. Tellement bien faits qu'ils ont lâché quelques jours après. La douleur était exceptionnelle. Quand on pense qu'il faut s'occuper du bébé sur cette période. .. et puis la douleur les mois plus tard et pendant 3 ans a chaque rapport... me rendant de plus en plus frileuse à tout rapprochement conjugal. Peut etre ai je enfin une explication maintenant. J'ai du attendre 4 ans et un 2e accouchement pour reprendre une vie conjugale normale.
    Merci de nous éclairer

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    1. Bonjour,

      Je suis désolée pour ce que vous avez vécu. En aviez-vous parlé à la personne qui vous suit sur le plan gynécologique ?

      Point du mari ou pas, un des grands "soucis" est également que "souffrir" parait normal à beaucoup après un accouchement (patiente ou professionnel de santé) et que cette souffrance n'est pas prise en compte à sa juste mesure. Avec toutes les conséquences que cela peut entrainer, à la fois sur le plan physique, moral et relationnel.

      On ne devrait jamais, jamais, jamais croire qu'il est normal de souffrir !

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  9. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  10. Avez-vous lu "Le Choeur des femmes" de Martin Winckler?
    C'est un très beau roman qui s'attaque aux pratiques irrespectueuses et maltraitantes des praticiens de gynécologie, je pense qu'il pourrait vous plaire.

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    1. Bonjour,

      Pour tout vous dire, c'est même un roman que je fais lire à toutes les femmes de mon entourage ! ;-)

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  11. Et la vie continue17 août 2014 à 23:56

    Très belles revendications. Une pratique honteuse...

    http://etlaviecontinue.centerblog.net/

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  12. Bonjour, j'espère que vous pouvez encore répondre à ma question.
    J'ai accouchée il y a quelques mois et j'ai eu, depuis le début, cette sensation que l'on m'avait épisiotomisée pour rien (capteur mal placé et donc soit disant un bébé en détresse, utilisation d'une ventouse et d'une épisiotomie, sortie violente du bébé sans m'avoir demandé si j'avais des antécédents de violences sexuelles). Sans compter que je me sens plus "serrées" qu'avant à l'entrée (et mon compagnon confirme), je me demande donc a quoi ressemble concrètement le point du mari au touché et quels sont les recours pour : savoir si j'en ai vécu un ; corriger cet affront que je n'ai pas voulu
    (et j'ai très mal vécu cette accouchement qui en plus était mon premier)

    J'espère que vous pouvez m'éclairer, merci d'avance !

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    1. Bonjour Elodie

      Je pense que le plus sage serait de consulter votre sage-femme qui saura juger si vous avez subi un point du mari ou si cette sensation est juste due à une dysfonction périnéale (et qui peut se travailler en rééducation du périnée).

      Bon courage !

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