jeudi 24 avril 2014

Donc, "tout est dans la tête" ?

Attention, en mode énervée !

Il semblerait que cette histoire de "point du mari", qui presque un mois plus tard soulève toujours autant les passions, devienne ce qu'elle devait être : un révélateur des maltraitances dont sont victimes les femmes et de la manière dont certains (oui, j'insiste sur le certains) les considèrent. 

Sur le fond, j'en suis plutôt ravie : la parole devait être libérée et les femmes devaient ouvrir les yeux. Les soignants aussi.

Mais certains semblent pourtant préférer insulter les femmes et mépriser une profession plutôt que de croire l'évidence. 

Ainsi, pour le grand Docteur Marty, président du Syndicat des Gynécologue-Obstétricien de France (quand même.... hein !), tout se passe "dans la tête des femmes" et il s'agirait d'un "fantasme qui éveille l'excitation". PARDON ??? Ai-je bien compris ? Ce que les femmes ayant été victimes de ce point (ou de toute suture d'épisiotomie désastreuse) recherchent, c'est une excitation ???
Les femmes seraient donc des "hystériques" cherchant à attirer l'attention sur elles, peu importe le nombre de sages-femmes (professionnelles médicales pour autant...) qui sont sorties du silence pour dénoncer ce geste. 
Et donc, il ne faudrait pas y accorder autant d'importance puisque "tout est dans leur tête". Quand on pense que ce grand docteur a justifié son refus de reconnaitre les sages-femmes à leur juste valeur par l'argument que "les femmes ne sont pas que des utérus, elles ont aussi des cerveaux", ça en devient franchement risible. 

Et plus encore que cela, cela démontre clairement la manière dont les femmes sont prises en charge... en tout cas par cet homme et par ses pairs : 
- si une femme souffre dans sa chair, dans sa zone la plus intime, dans une zone tellement "mystérieuse" pour les hommes qu'ils ont créé ce terme d'"hystérie" pour définir une névrose : névrose en lien avec l'utérus pour les non-hellenistes,  c'est forcément "faux", ce n'est pas une vraie douleur, tout se passe dans sa tête...
- si une femme souffre dans sa tête, c'est de toute façon négligeable puisque ça se passe dans sa tête.
Donc, si vous êtes une femme et que vous souffrez, ce n'est pas important. 

(Ok, ok, je caricature, mais quand même...)

Mais quand arrêtera-t-on de traiter par le mépris les femmes, ces femmes qui représentent quand même la moitié de l'humanité ??? 

Et puisque ce grand docteur n'est plus à un mépris (ni à une contradiction) près, alors qu'il clame que ce point du mari n'existe pas et n'est qu'un fantasme féminin, il est quand même capable de nous dire que "La chirurgie est du domaine de l'art, on peut penser que certains médecins ont eu l'idée qu'en modifiant un peu leur façon de suturer, ils amélioreraient un peu la sexualité, et ça, ça ne nous choque pas". Hum, ai-je bien lu ??? N'est-ce pas une manière comme une autre de reconnaitre l'existence de ce geste ??? 
Donc, ce grand docteur reconnait que certains pratiquent ce geste, mais que, comme c'est de l'art, ça ne le choque pas !! 

Oh, les femmes ont-elles donné leur accord pour être traitées comme un objet et pas comme un être humain ? Les femmes sont-elles de la glaise que l'on peut manipuler à l'envie ? Et si le résultat ne convient pas, on fait quoi ? On le jette comme un vulgaire brouillon ???

Mais comment peut-on mépriser quelqu'un à ce point ?

Notons également que ce grand docteur reconnait que certains médecins ont jugé que cela améliorerait la sexualité de leur patiente. Mais que savent-ils de la sexualité de cette patiente ? De cette femme qu'ils rencontrent probablement pour la première fois le jour de leur accouchement ? Qui sont-ils pour juger sur quels critères une sexualité doit être satisfaisante ? La sexualité des uns n'est pas celle des autres et chacun vit sa sexualité comme il le souhaite, tant que cela est fait dans le respect et avec le consentement de son/sa partenaire. En quoi un médecin peut-il se permettre de croire que l'on peut classer la sexualité comme on classerait l'efficacité d'un médicament ?

Enfin, le grand docteur ayant souhaité réagir aux remarques soulevées par ce premier article, je note quand même deux chose, puisqu'il se défend en disant ceci : "Il nous est apparu important de donner cette information à l'occasion de la polémique sur ce que certains ont voulu appeler "le point du mari", avec le souci que les populations masculines et féminines n'investissent pas trop dans des possibilités chirurgicales d'améliorer leur situation dans leur vie sexuelle. Les accouchées ne devaient pas craindre non plus qu'un geste au cours d'une réfection périnéale puisse avoir un effet négatif durable."
Intéressant de noter que ce qui lui pose souci dans cette polémique, c'est en premier lieu la crainte que les couples sollicitent les médecins afin d'améliorer leur vie sexuelle. Non, son souci n'a pas été de rassurer les femmes sur une pratique qu'il va tout faire pour éradiquer, non, non. Non, ce docteur ne veut pas que les couples le voient comme le "sauveur de leur couple" !!! 
Et en deuxième point, il ne fait jamais que nier les effets indésirables que pourraient entrainer une épisiotomie ou une suture mal faite. 
Mais comment peut-on oser dire de telles choses ???? 

Et comment cet homme, si intelligent, si diplômé, censé représenter l'ensemble des gynécologues-obstétriciens de France, n'a-t-il pas compris que cette polémique était également un cri du cœur à l'encontre de toutes les maltraitances dont sont victimes les femmes dans le milieu médical ? N'a-t-il pas vu que la notion de respect, d'information éclairée et de libre consentement sous-tendait toute la polémique liée au point du mari ? Non...

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