Une remarque qui m'est venue il y a peu, une de ces nuits où je ne
dormais pas et essayais de prendre le frais dans le salon : la grossesse
est comme une bulle temporelle dans la vie d'une femme.
Je m'explique.
Si en réalité, elle ne comporte que neuf mois et un
nombre très précis de jours, elle s'écoule sur des rythmes totalement
différents, qui donnent parfois l'impression de subir de véritables
distorsions temporelles.
Il y a le temps de l'attente et de l'espoir,
ce temps d'avant-même la grossesse, ce temps où on attend les signes,
ces petits messages envoyés par le corps pour nous informer que oui,
peut-être, la magie aurait pris. C'est un temps à la fois très lent et
très rapide. Très rapide si vous avez la chance de vite concevoir (ce
qui finalement peut être assez déroutant, parce qu'après tout, c'est une
chose de savoir que l'on veut un bébé, c'en est une autre de se rendre
compte que ce bébé va vraiment arriver), très lent si ce n'est
évidemment pas le cas, d'une lenteur parfois faite de souffrance et de
découragement.
Mais quel que soit sa réelle durée, ce temps est malgré le plus
souvent lent, avec décompte des jours, écoute de son corps et alternance
d'espoir et de découragement.
Il y a ensuite le temps de la confirmation,
ce temps marqué par plus ou moins de signes plus ou moins agréables,
mais qui sont malgré tout les bienvenus car présence tangible d'une
réalité en route. Mais c'est là aussi un temps finalement très lent,
trop lent parfois, marqué par un malaise à la fois dans son corps et
parfois dans son esprit : et si je ressentais tout cela mais qu'en fait, il n'y avait rien ? Heureusement,
ce temps se termine généralement lorsque le petit être se décide à
faire ressentir sa présence par de vrais coups bien perceptibles... et
qui d'ailleurs apparaissent souvent lorsque les signes désagréables
s'estompent.
Vient ensuite le temps de la bulle dorée,
celle vantée dans tous les magazines, ce fameux deuxième trimestre
durant lequel nous autres, femmes enceintes, sommes censées nous éclater
de toutes les manières possibles et inimaginables. Bon, alors, oui,
certes, ça peut être le cas. Ne serait-ce que parce la communication
avec le bébé se fait de plus en plus forte, de plus en plus fréquente.
Peut-être aussi parce désormais, notre état est plus que visible et nous
permet de profiter des quelques avantages (que ce soit place dans le
bus ou regards flatteurs). que la grossesse nous octroie. Ne soyons pas
non plus complètement utopistes, il y a toujours des petits maux
présents mais il est vrai que c'est malgré tout la plus belle période de
la grossesse. Et c'est probablement pour cela qu'elle passe si vite !
Le temps semble s'accélérer sans que l'on s'en rende compte, parfois si
rapide qu'on atteint le troisième trimestre sans avoir pu ou su profiter
de cette parenthèse enchantée.
Le troisième trimestre pointe le bout de son nez et avec lui, le temps de l'apaisement.
De ma propre et petite expérience, j'ai l'impression que c'est le temps
qui se rapproche le plus du temps réel, de celui du "vrai" temps. La
communication avec bébé est toujours là mais on lui laisse le temps de
murir, de la même manière qu'on se laisse à nous le temps de nous
préparer à ce rôle de Maman qui va bientôt venir bouleverser nos vies.
On prend le temps de préparer la chambre, la valise. On se pose avec le
papa pour faire des projections d'avenir. Les désagréments de toute fin
de grossesse (sciatique, douleurs dorsales, mauvaises nuits) font qu'on
n'a pas forcément envie de appesantir sur cette période mais sans pour
autant avoir envie de lui donner un coup d'accélérateur. Il y a malgré
tout beaucoup trop d'interrogations encore présentes pour qu'on ne
souhaite pas garder un rythme calme. C'est le temps simple du présent.
Et finalement, arrive le temps de l'expectative (du terme "expectante",
terme médical pour désigner les femmes en attente du début du travail).
Pour moi, c'est le temps du plus-que-présent. Ce temps qui semble durer
une éternité car chaque minute, chaque jour, chaque nuit se passe dans
l'attente du petit truc qui viendra tout bouleverser. Ce dernier mois
semble tirer en longueur, même si pourtant, c'est en réalité un mois
très court, à peine 4 semaines quand certains mois en font 5.
Mais chacune d'entre elles semble une éternité. D'autant plus qu'à ce
stade, l'envie d'accoucher surpasse tout le reste, tous les
appréhensions, tout ce qui n'a pas encore été fait. C'est le temps de
l'attente armée (encore un terme bien de chez nous, l' "expectative armée",
celle qui traduit clairement qu'à ce moment-là, nous sommes prêtes à
tout !) Peut-être devrait-on en profiter un peu plus, se reposer,
profiter des derniers moments à deux ou à trois ou plus. C'est ce
qu'on se dit, lorsqu'on se pose et qu'on essaye de rationaliser tout ça.
Mais le fait-on vraiment ? Non, n'est-ce pas ?
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