mercredi 26 mars 2014

Et la recherche dans tout ça ?

Le buzz actuel sur le "point du mari", qui est lié plus globalement à la fois à la notion de respect du consentement et à la fois à la notion de respect de la physiologie peut également entrainer une autre réflexion, et qui prend écho dans les revendications soutenues actuellement par le mouvement de grève des sages-femmes. 

Les sages-femmes font "peu" de recherche. Enfin, peu par rapport à tout ce qui pourrait être fait. 

Nous avons évidemment le travail de recherche effectué pour notre Mémoire de Diplôme d'Etat. 
Si nous passons des diplômes supplémentaires de type DU (diplôme universitaire), nous pouvons travailler sur la recherche (mais uniquement dans le cadre précis de ce DU). Mais hormis cela, le parcours de la recherche est très difficile pour les "simples" sages-femmes. 
Celles qui souhaitent se consacrer à la recherche sont obligées de repasser par l’université, refaisant tout le cursus (master, doctorat) pour enfin accéder au Saint Graal. Vous me direz : "c'est donc faisable". Oui, en effet, mais ce n'est pas évident, d'autant plus que certains master ne veulent pas accueillir des sages-femmes dans leurs rangs. Et une fois ce cursus fait, ce diplôme obtenu, il faut encore pouvoir être publié... Un réel parcours du combattant pour tous les chercheurs, mais encore plus lorsqu'on vous met des bâtons dans les roues. 

Obtenir le statut de Praticien Hospitalier comme demandé par le Collectif des Sages-Femmes permettrait une meilleure place de la sage-femme dans la recherche. 

Et quand on voit justement la tournure prise par les évènements récents, la recherche nous permettrait de clarifier les choses, enfin. 

Une étude sur la fréquence de ce fameux "point du mari" et sur ses conséquences permettrait d'avoir de vrais arguments à opposer à ceux qui la pratiquent... ou qui nous considèrent comme des affabulatrices. (Voir l'article publié récemment sur 20 minutes : "le point du mari est-il un mythe ?" corrigé depuis : "Point du mari : on ne peut remettre en cause la parole des femmes")
Une étude sur la notion de consentement lors de la pratique d'une épisiotomie (ou de tout autre geste médical) nous permettrait d'avoir une conduite transparente envers nos patientes. 

Or, actuellement, notre pratique de sages-femmes ne s'appuie que sur des études menées par des médecins, sur des sujets qui intéressent les médecins uniquement. C'est ainsi que de nombreuses études existent sur l'hémorragie de la délivrance mais pas sur le déclenchement physiologique du travail...

Les sages-femmes sont formées pour accompagner la physiologie et dépister la pathologie. Les médecins sont formés pour traiter la pathologie. De ce fait, la physiologie n'a que peu de place dans leur champ de recherche, mais elle aurait toute sa légitimité dans le nôtre. 

A condition qu'on nous laisse y accéder.

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